Niamey, 22 Janv (ANP)- L’automédication, le fait de se procurer ou de consommer des médicaments sans consultation préalable d’un spécialiste prend de l’ampleur au Niger, dans un contexte de pauvreté , d’ignorance et de prédominance des facteurs socio culturels, à en croire les praticiens de la santé.
Le détournement des structures de santé formelles, pour cause d’accessibilité financière/géographique ou de mauvais accueil, le déficit d’offre, l’ignorance ou des croyances traditionnelles expliquent le phénomène comme l’illustrent le foisonnement des pharmacies par terre ou la prolifération des prestataires de santé tout acabit.
Le Médecin spécialiste en santé de travail, Dr Hima Bagouari Aboubacar, dans un entretien accordé à une équipe de l’Agence Nigérienne de Presse, fait observer que l’automédication représente un danger majeur par exemple pour les femmes enceintes, car elle peut entraîner des conséquences graves ‘’.
« L’ampleur de l’automédication expose les femmes enceintes, ainsi que leur fœtus, à des risques considérables », précisant « qu’aujourd’hui, beaucoup estiment que l’accès facile aux médicaments permet de s’auto-médicamenter en fonction des symptômes perçus », alerte le praticien.
« Les femmes enceintes, influencées par des conseils de voisinage ou des informations de leur entourage, prennent des médicaments sans en mesurer les conséquences, or, ces médicaments, pris sans prescription, peuvent affecter leur santé, le déroulement de leur grossesse et celle du fœtus », détaille-t-il.
Pour DR Hima, « cette pratique est souvent due à l’ignorance, au manque d’accès à des formations sanitaires ou à des consultations professionnelles ».
Dr Hima souligne que « l’ignorance est un facteur clé, si une femme enceinte n’est pas bien informée sur les risques liés à la grossesse, elle peut sous-estimer les complications potentielles ».
« Ces problèmes sont parfois exacerbés par un manque de sensibilisation, de ressources économiques ou d’accès aux soins de santé. Heureusement, dans des pays comme le Niger, des initiatives telles que la gratuité des consultations prénatales et des accouchements visent à encourager les femmes à consulter des professionnels et à éviter l’automédication », précise-t-il.
Il rappelle également qu’aucun médicament n’est sans risque : « même des médicaments communs comme l’aspirine ou l’amoxicilline peuvent avoir des effets indésirables, soulignant ainsi que « toute prise de médicament par une femme enceinte doit être prescrite et justifiée par un professionnel de santé ».
« Les substances consommées par la mère passent dans son sang et peuvent affecter directement le fœtus, entraînant des complications graves, voire irréversibles. Il est donc essentiel de consulter un médecin ou une sage-femme dès le moindre doute », suggère le Médecin spécialiste.
Dr Hima met également en garde contre les médicaments achetés dans la rue, souvent non conditionnés ou mal conservés, « ces produits, qui ne respectent aucune norme de sécurité, présentent des risques énormes pour la santé de la mère et du fœtus ».
« La meilleure solution, dès la constatation de la grossesse, est de se rendre dans un centre de santé pour un suivi médical régulier », ajoute-t-il.
Mme Assouman Hali, entrepreneuse de 37 ans, résidant à Diaspora Koubia, a quant à elle, partagé son expérience douloureuse, « pendant ma quatrième grossesse, j’ai consommé des médicaments de la rue pour soulager mes douleurs, bien que je me sois sentie mieux sur le moment, j’ai commencé à saigner abondamment le lendemain et malgré les efforts de la sage-femme à la maternité, j’ai perdu mon bébé de 20 semaines ».
Dès les premiers signes de grossesse, il est primordial pour les femmes enceintes de se rendre dans un centre de santé pour bénéficier d’un suivi professionnel afin de prévenir les risques graves pour la mère et son enfant et de s’abstenir de tout médicament sans avis médical, , conseillent les professionnels de la santé.
HA/CA/ANP-Janvier 2025