Médecine alternative au Niger : des mots coraniques contre des maux  

Médecine alternative au Niger : des mots coraniques contre des maux  

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Niamey, 5 fév. (ANP)- Au Niger, des boutiques, des kiosques estampillés ‘’pharmacie islamique’’ aux cotés des cabinets offrant des prestations de ‘’ médecine prophétique’’ prolifèrent de plus en plus à Niamey et dans d’autres localités.

Un tel développement s’explique par l’accessibilité de ces soins et son adaptation aux croyances des usagers, croient savoir les professionnels de la santé du système conventionnel.

Un fort renfort en communication, en particulier digitale, vante les vertus de tels ou tels remèdes contre certaines affections mais aussi contre ‘’la possession’’ ou l’envoûtement dans un pays où les croyances sont encore fortes.

La gamme des produits et des prestations proposée comprend des décoctions, des huiles, des breuvages, des poudres et des … séances d’exorcisme.

 Vieille de plusieurs siècles, cette médecine tire sa source des traditions du prophète Mohamed (PSL) sur la prévision et le traitement de diverses maladies, grâce à l’utilisation des plantes et le coran.

Dr. Ibrahim Ousseyni, spécialiste des plantes et de la médecine prophétique explique que le terme de la médecine prophétique émane d’un document dans lequel l’auteur recense les hadiths du prophète Mohamed (PSL) concernant certaines plantes et maladies. Mais sinon le nom approprié est ‘’médecine alternative’’, a-t-il notifié.

La pratique du domaine exige un pré-requis nécessaire.

Comme toute autre activité, le domaine de la médecine prophétique exige aussi de la connaissance, « c’est pourquoi nous dispensons des formations et animons des émissions à la télévision sur les plantes et leurs remèdes », a souligné Dr. Ibrahim Ousseyni qui regrette par ailleurs que certains des praticiens ne maitrisent du tout pas la question et font de cela juste un fonds de commerce.

A cet effet, le spécialiste de rappeler par exemple, que le prophète a recommandé l’utilisation du hidjama (ventouse), les graines de nigelles, le lait de la chamelle, le miel comme prévention et remède contre certaines maladies sans oublier les sourates et versets du saint coran.

En général, les promoteurs de ces kiosques associent les produits à l’exorcisme.

M. Tahirou de la « boutique AWARKE » explique que ces prestataires disposent une multitude de produits qu’ils mettent à la disposition des clients une fois consultés.

« Ces produits issus de la pharmacie prophétique sont majoritairement préparés à notre niveau », a-t-il relevé tout en se réjouissant que leurs prestations donnent par la grâce d’Allah de résultats escomptés.

D’après lui, les traitements concernent en majorité, l’hypertension, le diabète, l’ulcère ainsi que les maux qui nécessitent le roqya. Ce dernier traitement, une sorte d’exorcisme  réservé aux personnes considérées comme possédées, consiste à la lecture d’une série de  versets du coran à haute voix.

Oustaz idrissa Yahaya, promoteur de la boutique « Pharmacie islamique » explique que la réussite du roqya est basée sur la foi de celui qui le fait et aussi du patient.

« Il faut se protéger soi-même avant de pratiquer le roqya pour un patient qui est possédé par les djinns ou ensorcelé », a-t-il signalé.

 Les professionnels de la médecine moderne se prononcent

Dr. Souley Taoudé Ibrahim du Syndicat des médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes du Niger souligne que le développement des ‘’pharmacies prophétiques’’ s’explique par son coût qualifié d’abordable. « Mais on ignore que la santé c’est la vie et par conséquent n’a pas de prix », a-t-il prévenu.

Le professionnel de la santé de révéler que le ministère de la santé publique a prévu dans sa politique de création d’un climat de collaboration entre les praticiens de la médecine traditionnelle et ceux de la médecine moderne plusieurs approches. Il s’agit notamment de mettre en place un cadre de concertation entre le Ministère de la santé et les Associations des tradipraticiens ; d’actualiser la liste des tradipraticiens au Niger et d’Organiser des réunions, séminaires etc… autour des questions relatives à la médecine et à la pharmacopée traditionnelles.

Pour une meilleure gestion du phénomène de pharmacie traditionnelle, Dr. Souley Taoudé Ibrahim souligne qu’il est nécessaire de veiller à l’application des textes en vigueur ; de veiller aussi à l’enregistrement des tradipraticiens au Niger ; de lutter contre la vente illicite des produits de qualité inférieure et d’assurer le contrôle qualité des prestations et des produits utilisés.

66 autorisations d’exercice ont été données à des tradipraticiens, a informé le ministre de la santé, le médecin colonel Major Garba Hakimi dans une interview à la télévision nationale, le 28 janvier 2025, annonçant ‘’l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de médecine traditionnelle et l’intégration des médicaments améliorés dans la prise en charge des malades dans le système conventionnel’’.

« Nous avons en projet de faire le répertoire des plantes médicinales et la création d’un jardin botanique », a-t-il fait savoir.

AIO/CA/ANP 029 Février 2025

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Zarami Boulama
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