Maradi, 09 Mars (ANP) Depuis maintenant plusieurs mois, la partie sud frontalière de Maradi avec le Nigéria continue à endurer les affres de l’insécurité. Les vols de bétails et les enlèvements avec demandes de rançon sont devenus monnaie courante à telle enseigne que les populations qui y vivent ne savent plus à quel saint se vouer.
Pour la partie nigérienne, le département de Madarounfa qui partage une même frontière avec les Etats de Katsina et Zanfara et le département de Guidan Roumdji qui a aussi une frontière avec l’Etat de Sokoto sont principalement concernés par ce problème qui ne fait que s’empirer.
Une descente dans le village de Souloulou, dans le département de Guidan Roumdji, dernier village à moins d’un kilomètre de la frontière Nigériane du côté du village nigérian de Sabon Birni (Etat de Sokoto), nous a permis de constater de visu la situation chaotique qui y règne, avec son cortège de désolation.
A la date du samedi 06 mars 2021 lors de notre passage, ce petit village a enregistré l’arrivée de plus de 200 personnes, hommes, femmes, enfants et bétails à Souloulou (Niger) un village dans lequel ils se sentent plus en sécurité. Selon le chef de ce village, presque le même nombre de déplacés est remonté vers la commune rurale de Chadakori, un peu plus au nord de Guidan Roumji pour intégrer les centres d’accueil qui sont mieux sécurisés.
La situation est telle que dès la tombée de la nuit, les voleurs de bétail, bien armés, investissent les villages environnants pour les vols, procèdent souvent à des enlèvements pour la demande de rançon. A chaque descente, son lot de morts et blessés et des dépouillés de leurs biens.
Le chef de village de Souloulou, M. Yacouba Sarkin Foulani a confirmé l’arrivée en masse de ces populations en provenance de l’Etat de Sokoto, notamment de Garin Bagué, Dan Gari entre autres.
‘’Nous ne saurons vous donner le nombre exact de ces réfugiés. Seulement, il y en a beaucoup parmi nous et d’autres sont remontés vers Dan Dadji ou Chadakori’’ a-t-il dit.
Toutefois, il est, on ne peut plus clair, que ceux qui sont parmi nous ne bénéficient d’aucune aide et pour la plus part, ils sont pris en charge par les familles qui les hébergent.
Selon lui, il y a des réfugiés qui se sont installés dans le village, d’autres, procèdent à des va et vient entre notre village et leurs lieux de résidence.
‘’Dans l’après-midi, avant la tombée de la nuit, hommes, femmes, enfants et bétails viennent passer la nuit dans notre ville. Le lendemain, ils retournent dans leurs villages pour vaquer à leurs occupations’’ a-t-il expliqué.
Pour Mme Haoua, réfugiée, le choix de leur destination est motivé par la sécurité qu’on peut retrouver au Niger.
‘’Dans nos villages, nous sommes exposés, et souvent nous nous demandons si ces bandits ne sont pas de mèche avec les forces de l’ordre, car ils opèrent au vu et su de celles-ci’’ a-t-elle indiqué.
Dans mon village il y a eu une dizaine de morts, poursuit-elle, avant de lâcher : ’’tant que la situation ne s’améliore pas, nous ne pouvons pas retourner dans nos villages. Ici, Dieu merci, nous arrivons à bien dormir la nuit. Dans nos villages, ce n’est pas possible ‘’.
Pour le cas de Mme Habsatou, le traumatisme est visible. Femme amaigrie au regard hagard, elle vit mal ce qui lui est arrivé, malgré son hébergement dans une famille d’accueil.
‘’Je viens de Garin Bagué où mon premier enfant, père de sept (7) enfants a été assassiné. J’ai pu venir dans ce village de Souloulou avec les sept (7) orphelins qu’il a laissés, sans aucune ressource car même nos animaux ont été emportés. Actuellement, nous survivons avec l’aide de Dieu et de ce que nos familles d’accueil partagent avec nous’’ a-t-elle soutenu.
Selon M. Jadi Oumarou, secrétaire général de la commune urbaine de Guidan Roumdji, ils travaillent en étroite collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui recense et guide ces réfugiés vers les camps plus sécurisés.
‘’Nous offrons à cette structure des terrains pour héberger ces déplacés. De son côté, le HCR construit des tentes, des Centres de santé intégrés (CSI), des forages à l’intention des réfugiés et populations hôtes’’ a-t-il précisé.
AT/AS/ANP 034 Mars 2021